« Le Patrimoine marocain en question », thème d’une rencontre organisée récemment à Fès par la Fondation Maroc du Patrimoine avec la participation notamment du Pr Mohammed El Yamlahi Ouazzani , ex-doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Tétouan et le Dr Mostafa Akalay Nasser, historien de l’architecture espagnole coloniale et contemporaine et spécialiste de l’urbanisme et du patrimoine.
Traitant du thème « Villes et patrimoine : urgences et enjeux », le Pr El Yamlahi Ouazzani a relevé que le patrimoine est devenu au Maroc, depuis quelques années, un enjeu industriel, politique, culturel, cultuel, économique et psychologique.
Le patrimoine est « curieusement au cœur des stratégies de développement mises en œuvre mais également au centre des débats citoyens et populaires » a-t-il indiqué. « Nous avons la nette impression que s’intéresser au patrimoine est devenu une mode propre à notre époque » fait-il remarquer. « Les différents protagonistes semblent, a l’évidence, ne pas penser le même patrimoine, chacun le parle à sa manière, le définit selon ses référents scientifiques ou idéologiques » a-t-il ajouté.
En conséquence, estime-t-il, « la valeur même du patrimoine s’en trouve relativisée et les actions pour palier à ce problème s’en trouvent compliquées, complexes, d’où l’encouragement aux actes favorisant l’agonie du patrimoine national, régional ou local ».
Il a évoqué les enjeux et les urgences du patrimoine à partir d’expériences personnelles, aussi modestes soient-elles, de plus de trois décennies de fréquentation du patrimoine marocain.
Le Dr Mostafa Akalay Nasser, historien de l’architecture espagnole coloniale et contemporaine a traité lui du thème « Le Tétouan Espagnol (1860-1956) : Synthèse de son histoire urbaine et architecturale ».
Il a cherché une articulation entre l’Histoire de l’art, la gestion urbaine et du patrimoine, qu’il s’agisse de la première tranche du quartier européen ou des espaces caractéristiques de la ville nouvelle de Tétouan. Il a assuré que la ville nouvelle Espagnols de Tétouan, édifiée en contexte colonial, est loin d´être une simple matérialisation d´une doctrine politique, ni une ville construite par et pour les espagnols. Il a affirmé que cette ville nouvelle de Tétouan est , au contraire, l´œuvre de tout un système d´acteurs pluriels impliquant l’administration, les colons mais aussi élite locale ( Juifs et Musulmans) et aussi le résultat d´accointances, d´accords, de désaccords et surtout de compromis, autant qu´elle est le fruit des circonstances, de contingences géographiques, politiques, sociales ou encore économiques. Il a relevé que « les études sur ce patrimoine partagé hispano-marocain sont encore peu nombreuses et les recherches portant sur l´ethnologie des savoirs et des connaissances, très lacunaires ».
Cette rencontre sur le patrimoine, animée par le Dr Abdelfettah Sbai, pharmacien et ex-gouverneur du district maghrébin du Rotary club international , a été suivie par un panel d’historiens, d’architectes, d’urbanistes et d’acteurs associatifs .Elle s’inscrit dans le cadre de l’importance qu’accorde la Fondation Maroc Patrimoine à la conservation et à la prestation de l’héritage culturel patrimonial marocain .
Dans cet esprit , la fondation envisage l’organisation en novembre 2019 d’un festival national de la chanson marocaine des pionniers avec la reprise par de célèbres chanteurs et chanteuses les airs et mélodies inoubliables des grands compositeurs et chantres , tels Ahmed El Bidaoui, Abdelkader Rachdi , Abderrahim Sekkat, Mohammed Fouiteh, et bien d’autres.
Kaddour Fattoumi
Fès-Patrimoine : « Le Patrimoine marocain en question », thème d’exposés – débats à Fès

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