Qui suis-je?
Un homme libre
Ou un vieux fichu nègre
Convoité par diverses trajectoires
Si éloignées et si contradictoires
Dont l’âme effritée par les échappatoires
Qui lui tendent de permanents pièges.
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Je suis un nègre habile
Qui a choisi l’encre et la plume
Servant les honorables intellectuels
Devant lesquels on s’incline
En ignorant leurs vrais profils,
Rêvant d’un monde meilleur
qui ne verra jamais le jour.
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Ma négritude n’a pas de couleur
Puisque c’est celle de tout auteur
Ayant accumulé toutes les douleurs
Pour atteindre les hauteurs
Inversant les lois de la pesanteur
Qui le ramènent avec douceur
A sa petite demeure.
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A ma négritude je rends hommage
dans tous les styles, tous les passages
à ses périls, ses sacrifices
Ses déceptions, ses souffrances
Ses défaites et ses victoires
Face aux marchands de la mémoire
Collective et migratoire.
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De l’Afrique vers l’Amérique
Ma voix s’étend et s’entend
Au rythme de celle d’une enfant
Telle une grâce du ciel ou de l’océan
Réclamant la liberté, l’égalité
Le droit commun et la dignité,
Seule voie pour la paix de l’humanité.
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Ma négritude est une couronne
Faite de pierres et de résine
Qui décorent les tombes des victimes
Des militants et des martyrs
Dont les noms et la doctrine
Sont un prestige et une consigne
Marquant à jamais tout homme libre.
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Je la porterai avec orgueil
A l’image du Christ sur la croix
Vénéré dans les cathédrales
Dans les églises et les chapelles
Loin de tous les appels
A l’indifférence, au désarroi
Au génocide sanglant et mortel
Et à la transgression des lois.
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De ma négritude je m’inspire
Tout en évoquant Shakespeare
Abraham Lincoln et Mandela
Qui se reposent dans l’au-delà,
Après leur persistant combat
Contre l’obéissance et l’esclavage
Qui n’a ni pays ni visage.
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Je m’endors et me réveille
Sous les échos et les cris
Des enfants et des femmes meurtris
Par la machine de l’injustice
Si terrible et si efficace
Contre les agissements de la masse
Qui vit dans le deuil en permanence.
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Qui suis-je ?
Un homme libre
Ou un vieux fichu nègre
Convoité par diverses trajectoires
Si éloignées et si contradictoires
Dont l’âme effritée par les échappatoires
Qui lui tendent de permanents pièges.
Mohamed Laghouizi, extrait du recueil intitulé « Nostalgies »
Sidi Ifni, le 25 Novembre 2019.
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